Dans l’introduction des « Aphorismes choisis » (Ed. Fayard) du philosophe arabe d’origine turque Abu Nasr Al-Farabi, connu par les latins sous le nom de Avennasar, on lit, à propos de la vision philosophique de Farabi : les convictions qu’on acquiert ne peuvent l’être que par la recherche philosophique, mais elles ne doivent pas être divulguées n’importe comment, et ce, pour plusieurs raisons : (a) parce que le philosophe peut se mettre en situation de danger s’il professe des opinions qui contredisent le dogme régnant (b) parce qu’il peut, par ses arguments ou ses doutes, saper les croyances de la foule, dont certaines jouent un rôle régulateur dans la société, et (c) parce que la connaissance doit être cachée à ceux qui ne sont pas capables de la recevoir, c’est à dire ceux qui sont incapables de la comprendre ou ceux qui, bien qu’étant capables de la comprendre, ne peuvent pas ou ne veulent pas en faire un usage vertueux.