Partons d’un événement précis. Le discours qu’a fait le Président de la République lors de la célébration de l’anniversaire de l’indépendance. Suivis et généralement salué et même applaudi par les générations des quadragénaires et plus, je parie que ce discours est passé inaperçu pour la majorité des jeunes. Il serait bon, en l’occurrence, que Hassen Zargouni fasse un sondage pour nous éclairer de manière scientifique à ce sujet. En tout cas les jeunes que j’avais autour de moi dans la famille avaient la tête plongée dans leur lap top et ne souciaient guère de ce que racontait leur président … Cette tendance au désintéressement de la politique, je l’ai déjà relevée en osant, ce qui n’est pas mon habitude, glisser sur le terrain des discussions politiques avec mes étudiants … Et, à ma grande surprise, j’ai appris qu’une majorité d’entre eux n’avait pas l’intention de voter et que certains ne savaient même pas que le scrutin présidentiel se passait en deux tours. Quant aux partis politiques et aux contenus idéologiques, la masse des étudiants n’en a qu’une connaissance très approximatives … C’est probablement la raison pour laquelle l’endoctrinement des jeunes, y compris les étudiants aussi brillants soient-ils, est facile, face au peu de bagage culturel dont ils disposent … La référence aux rudiments d’histoire qu’ils connaissent de l’époque de gloire de l »État islamique » qui a conquis des empires juste après la mort du prophète, est ainsi suffisante pour en faire des fanatiques prêts à tout pour un retour utopique à un passé de rêve … Ce endoctrinent est exacerbé par le comportement condescendant et méprisant d’un Occident qui ne voit les pays arabo-musulmans que sous l’angle de ses intérêt stratégiques … Venons en maintenant pour le balancement vers Internet … En effet, le vide culturel et politique est comblé chez la majorité des jeunes par une immersion dans le monde virtuel. Et là, seconde erreur fatale. En effet, la société de l’information, chez nous, a été réduite à la seule introduction de l’infrastructure technologique. Une composante importante, la plus importante a été omise. Celle des contenus qui doivent être véhiculés par l’infrastructure technologique. Cette faute est comparable, à l’orée de l’indépendance, à la construction d’écoles sans l’établissement d’un programme de formation, sans manuels scolaires, sans instituteurs. Aujourd’hui, le jeune, avec l’usage des technologies de l’information, est lâché à lui même dans une énorme « école » virtuelle. Sans instituteurs, sans programme, sans manuels. Avec tous les dangers que cela comporte. Certains permis ces jeunes s’engagent dans la voie de l’immigration via Internet, en cherchant une alliance avec des européennes ou autres Occidentales. D’autres sont pris dans l’engrenage des sectes djhadistes et se retrouvent dans des champs de bataille qui ne les concernent en rien … Les pouvoirs publics et la société civiles ont, à cet égard un devoir impératif d’abord et immédiatement, de contrôler l’usage que font les jeunes d’Internet et, à court et moyen terme de renforcer les contenus susceptibles de faire en sorte que l’usage de ces technologie renforce la compétence des jeunes et oriente leur énergie dans des actions constructives. Le développement économique, l’éducation et la recherche scientifique, la création culturelle et des divers autres champs d’activités connaîtraient un essor extraordinaire si l’on tirait efficacement profit des TICs pour créer les contenus y afférents.