Après la fin de la deuxième guerre mondiale, et suite au nouvel équilibre géostratégique mondial né de l’issue de cette guerre, les anciennes puissances coloniales, essentiellement européennes, devenues des puissances de second rang, ont été contraintes de libérer les pays d’Afrique et d’Asie dont elles faisaient des colonies … Et à la faveur de la guerre froide qui s’est vite installée entre les USA et ses alliés du monde « libre » d’un côté et l’URSS ou « bloc de l’est » de l’autre, les petits pays africains et asiatiques fraîchement indépendants ont pu, durant quelques décennies profiter d’une certaine souveraineté et choisir des modèles de développement d’une manière relativement autonome, certains ont même créé un pôle politique indépendant dénommé « mouvement des non alignés » … C’est ainsi que la Tunisie, sous la férule de Bourguiba et de l’élite éprise de modernité et de progrès a vécu, en quelques années, une métamorphose totale dans les domaines clés de l’éducation, de la santé, de la condition féminine, etc. … Cet élan s’est poursuivi après Bourguiba, Ben Ali ayant gardé certains fondamentaux de l’œuvre Bourguibienne, tout en travestissant de manière progressive l’appareil de l’Etat pour, d’une part faire durer son règne, et d’autre part servir les intérêts de la mafia essentiellement familiale qui s’est agglomérée autour de lui … Et puis vint la chute du mur de Berlin, la disparition du bloc soviétique, la fin, en conséquence de la guerre froide … Ceci a eu pour conséquence immédiate l’apparition d’un nouvel équilibre (ou déséquilibre) géopolitique mondial caractérisé par la domination d’une seule puissance, les USA … Les mains enfin libres, ne souciant parfois même pas d’avoir un feu vert onusien, cette superpuissance a inauguré son œuvre d’expansion dominatrice ( et destructrice) en Irak et elle en est maintenant à l’épisode du « printemps arabe » qu’elle a entamé en Tunisie avec une révolution qu’elle a voulue parfumée à l’odeur du jasmin … Quatre ans après le début de ce printemps, et près d’un an et demi après que l’Egypte, par l’action de son armée, a arrêté net sa poursuite, où en est-on ? Et quelles sont les intentions véritables des USA ? Est-ce que l’acceptation de la « rébellion » égyptienne est définitive ou n’est qu’un simple repli tactique ? Et puis, la gestion du cas « Tunisie », où l’on entrevoit moins d’enthousiasme vis-à-vis des islamistes, ce qui a permis leur consentement à quitter le pouvoir début 2014 sous le suivi assidu de son excellence l’ambassadeur US et leurs excellences les ambassadeurs des pays de l’UE, est ce une option définitive ou doit-on s’attendre à un effet pendule qui nous balancerait sans cesse entre l’idéal de la démocratie et le spectre de la somalisation ? Ces questions ont certainement une réponse auprès du président de la République, éminent spécialiste de politique étrangère … En effet, de la réponse à ces questions dépend tout le reste, y compris les questions techniques de choix des alliances pour la formation du gouvernement … Y compris l’engagement dans des réformes de longue haleine qui nécessitent plusieurs années, voire des décennies … Et, il me semble que BCE, à cet âge, ne se serait pas lancé dans une telle aventure, s’il n’avait pas l’assurance que les USA penchent plutôt pour une stabilisation de la région …