Cette terre de Tunisie est-elle devenue stérile ? Que de partis, que de ronronnements, que de chefs et de sous-chefs … mais quel vide ! On a beau écouter les uns et les autres, voir les chefs, les cheffes et leurs suppléants, patienter face aux cris des militants … mais rien ! Aucun ne sort du lot … Aucun ne brille de cette lumière qui indique l’Homme de la situation … Le tournant historique que vit le pays s’enlise dans des palabres sur des détails techniques à propos de la nouvelle constitution à rédiger … Il s’enlise dans l’évaluation de la prestation d’un gouvernement qui pourtant n’est – semble-t-il – que provisoire … Il s’enlise dans mille questions à régler : remise à sa place de la police, devenue centre du pouvoir au lieu d’en être un outil, assainissement de la justice, purge de l’économie de l’avatar de deux décennie de gestion mafieuse qui a utilisé tous les instruments de l’Etat pour piller un pays au profit d’un clan et de ses associés … etc. etc. etc. Mais le tournant historique réside dans l’institution d’une démocratie … Un consensus s’est fait autour de la réécriture de la constitution pour la fondation de cette démocratie … Un consensus arraché par la détermination d’un peuple qui a senti l’imposture des premiers gouvernements post 14 janvier et qui a imposé l’élection de la constituante … Et après … Et quand le peuple rentre chez lui ? Que font les partis, leurs chefs et leurs sous-chefs ? Une lutte acharnée pour le pouvoir. Le pouvoir par le plus court chemin. Des alliances avec les grands capitaux. Des arrangements avec les grandes puissances … etc. Sans jeter l’anathème sur les tentatives des différents partis et de leurs chefs pour se frayer un chemin et sur les moyens utilisés, force est de constater qu’aucune personnalité ne réunit les qualités de netteté du parcours, de transparence de la démarche, de clairvoyance de la vision et last but not least du courage indéfectible nécessaire tout au long du parcours …
La Tunisie ne trouve pas son Leader. Refonder la République, c’est une affaire de textes, mais c’est avant tout une affaire d’hommes. Après l’indépendance, la constituante a pris autant de temps qu’il fallait pour rédiger la Constitution. Il n’y avait pas urgence. Le pays était tenu par des hommes et des principes sous la férule de Bourguiba.
Aujourd’hui, il n’y a plus dans notre pays ni principes communément partagés, ni leader ayant la légitimité d’une adhésion du peuple à sa personne et à ses idées …
Le peuple ne s’y trompe pas et tout indique qu’aucun parti et aucune personnalité ne bénéficie d’un capital de confiance suffisant pour le hisse à la hauteur des exigences de l’étape historique que vit la Tunisie …
C’est le paradoxe de la révolution tunisienne. La dictature qu’elle a renversée a créé un vide tel que le redémarrage d’une vraie vie politique se fait très difficilement. Sans leader. Et avec des prédateurs de tous côtés. Et avec tout cela, gardons espoir. Et que le peuple continue à être vigilant. Rien n’est encore fait pour une démocratie irréversible en Tunisie.