Facebook et la Révolution. La Tunisie comptait avant la révolution la plus grande communauté Facebook relativement à la population dans le monde arabe avec 1million 500 mille abonnés à ce réseau soit 15% de la population, dont 62% ont moins de 24 ans et 89 % moins de 34 ans. Les plus jeunes (20% des facebookers tunisiens ont entre 13 et 18 ans !!) s’y mettent alors qu’ils sont encore au collège ou au lycée. Le plus grand pourcentage avant le déclenchement de la révolution (42%) était celui des jeunes de la tranche d’âge 18-24 ans, soit ceux qui sont en âge de poursuivre des études supérieures. Il est aussi à noter, d’après ces statistiques recueillies par l’auteur de cet article il y a près d’un an (voir l’article « Les réseaux sociaux : aubaine ou fléau ? »[1]), que les tunisiens de plus de 34 ans sont sous-représentés sur Facebook (environ 11%). Les statistiques actuelles disponibles sur le site www.socialbakers.com [2] montrent une augmentation rapide du nombre total des abonnés tunisiens de Facebook qui atteint 2.400.000 et une diminution du pourcentage de facebookers de la tranche d’âge 18-24 ans de 42% à 38% compensée par une augmentation de ceux de la tranche d’âge 24 ans et plus de 4% dont 3% pour les plus de 34 ans. Ce glissement du pourcentage des utilisateurs vers une classe d’âge plus élevé s’explique par le succès qu’a connu le réseau suite à la révolution du 14 janvier auprès des « moins jeunes ».
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que la Tunisie soit le premier pays arabe à détruire ce mur de la peur, dans un élan semblable à la chute du mur de Berlin, annonçant ainsi la déferlante révolutionnaire arabe.
En effet, ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte et qui se déroule actuellement en Libye, Syrie et ailleurs prouve que les réseaux sociaux contribuent fortement à la fois à la diffusion de l’information et à la genèse d’opinions et, dans une chronologie logique, à la prise de décisions d’action et de mobilisation pour atteindre les objectifs fixés sur la toile. Le consensus qui s’effectue ainsi en ligne autour d’un objectif renforce la conviction individuelle ainsi adossée à l’adhésion collective et nourrit la confiance de chacun des membres du réseau lui permettant de franchir la barrière de la peur qui constitue l’arme maîtresse des dictatures.
[2] www.socialbakers.com/facebook-statistics/tunisia