Plus ridicule encore que pour les législatives, la prolifération des candidatures aux élections présidentielles tourne au tragicomique, notamment pour la majorité des candidats qui se savent entièrement dépourvus de tout espoir de voir leur rêve se réaliser. En effet, ces candidats sans espoir sont obligés d’afficher une détermination et une volonté de vaincre, malgré l’amertume qu’ils doivent ressentir au plus profond d’eux mêmes … Ce déchirement est d’autant plus dur pour les candidats dont les partis, présents depuis longtemps sur la scène politique, ont reçu un désaveux sanglant aux législatives … Il n’est pas dès lors étonnant de voir un certain MBJ mettre sa candidature en jeu et proposer de la sacrifier sur l’autel d’un utopique accord sur un candidat consensuel. La manœuvre, bien que trop grossière pour séduire, aurait au mieux permis à son auteur de retrouver sa candidature malicieusement sacrifiée en apparence, avec un soutien plus large … Au pire des cas, elle aurait permis à MBJ d’éviter de continuer à se rouler inutilement dans la farine d’une campagne électorale dont l’issue est sans espoir pour lui … Mais l’échec de cette tentative ne faisait aucun doute : peut- on imaginer un seul instant que ANC se désisterait pour un autre candidat ? En effet, MBJ et ANC s’estiment être les prétendants légitimes à la magistrature suprême, mettant en avant leur ancienneté dans l’opposition aux régimes précédents … Et il leur arrive certainement d’oublier, par moments qu’il s’agit d’un choix libre du peuple et que ce même peuple leur a dit un non parfaitement clair, il y a moins d’un mois … Hélas, ils vivent dans le déni de la réalité de leur véritable popularité et se laissent emporter par une fuite en avant vers des rêves auxquels eux seuls croient en espérant rattraper un jour le temps perdu … MMM, quant à lui, aux antipodes de tous les candidats, y compris les favoris, affiche la certitude de remporter la victoire, notamment à travers des discours qu’il mitraille avec une énergie démente et en présence d’une foule enflammée par des ligues qui se sont fait oublier depuis un certain temps et qui réapparaissent comme par enchantement … Dans la lignée des hésitants, on trouve aussi KM et MKN … KM cache à peine son sentiment de ne plus y croire … MKN doit certainement se demander, chaque matin, pourquoi il s’est lancé dans une gueguerre inégale avec un gros calibre du monde politique tunisien actuel, j’ai nommé BCE … Ceci, d’autant plus, que les deux hommes sont du même bord politique et sont plus à même de se compléter que de s’opposer … Et que fait MZ, dans tout cela ? Candidat trouble fête ? Le temps nous le dira … En tous les cas, sa prestation est une véritable scène théâtrale et l’on est, en le voyant parler de sa candidature, étonné de croire qu’il puisse même y croire … Et puis, il y a aussi HH, le candidat, sujet de sa majesté, qui, lui, y croyait depuis longtemps, à sa présidence, et savoure le plaisir d’en vivre au moins la campagne électorale, et d’espérer récolter certainement un plébiscite régional … Reste SR, véritable mélange d’ambition, d’argent et de zones obscures qui affiche une grande sérénité et risque de concurrencer les favoris … Et puis, il y a plein d’autres, dont on connaît à peine les noms … Ceux là se savent certainement hors jeu .. Il ne leur reste alors que le plaisir de se faire afficher la tête sur des pancartes publicitaires et de se faire voir sur les écrans TV … Éphémères … Et puis, il y a ceux qui ont choisi de se retirer, évitant dignement une présence béate dans une campagne pour des élections perdues d’avance …
Et il y a BCE … Favoris, si l’on tient compte des résultats des législatives … Toutefois, son discours est très mesuré et sans triomphalisme …
Enfin, il y a un candidat absent ou virtuel … Une question intrigue, en effet : pourquoi un grand parti ne présente pas de candidat à la présidence de la république ?
‘La stratégie de ce parti, depuis la préparation du calendrier électoral, gravitait autour des législatives, qu’il estimait remporter haut la main … Pour achever l’opposition, ce parti voulait, semble-t-il, une fois les législatives remportées, louer les services d’un président consensuel, et donc manœuvrable, de manière à donner une image de gouvernance partagée tout en s’assurant que la réalité du pouvoir est entre les mains du parti … Mais l’arroseur a été arrosé … Et puisque, contrairement à eux, le principal parti qui a remporté les législatives à un candidat à la présidence du pays, on cherche à diaboliser ce dernier et son parti en criant au monopole du pouvoir par un seul parti et en agitant le spectre du retour de la dictature … Faisant ainsi fi de tous les dispositifs qui entravent ce prétendu monopole futur du pouvoir par Nidaa et feignant d’oublier que Nahdha disposait de bien plus de pouvoir sans pour autant parvenir à instaurer une dictature …