Aujourd’hui, en temps de reconstruction, nous ressentons la carence culturelle, jusque dans les milieux dits d’intellectuels … Une carence à visages multiples : en philosophie, en arts, en littérature, etc. … La dégradation de l’enseignement à tous les niveaux et, notamment, la marginalisation des « sciences humaines » dans la formation de base a produit des générations de diplômés généralement sans grande culture … Ainsi, pour certains, le seul argument, dans certains débats est l’insulte … quand ce n’est pas la violence …  En l’absence d’une connaissance des écoles de pensée qu’a connues l’humanité, une grande partie des jeunes (et moins jeunes) sont ainsi amenés à se rabattre sur leur héritage culturel naturel souvent entaché des tares des siècles de déclin de la civilisation arabo-musulmane. Le mouvement moderniste qui s’est manifesté en Tunisie dès la fin du XIXème siècle et dont l’acte emblématique est la création du collège Sadiki en 1875 a connu son apothéose avec l’indépendance de la Tunisie et les options résolument ancrées dans la modernité choisies par Bourguiba et imposée sous sa houlette de leader dont le nationalisme est indiscutable. Ce tour de force a été réussi malgré la résistance de certains adeptes de la tradition Zeitounienne et l’opposition franche des partisans de Salah Ben Youssef, plus proches du pan-arabisme et du nassérisme. Après les 23 années d’anéantissement de la pensée politique et de la culture, méthodiquement organisé par Ben Ali, la Tunisie se trouve face à un désert idéologique et culturel. Seuls quelques oasis de réflexion et de créativité ont pu résister à ce cataclysme. Et la grande majorité de la frange éduquée de la population se trouve à l’écart des courants de pensée politique et des activités culturelles. Cette situation rend  extrêmement  difficile  l’écrémage pour dégager une élite politique à la fois issue du peuple et ouverte sur le monde avec toutes ses idéologies et toutes ses cultures.

C’est là le principal mal qu’a subi la Tunisie pendant la dictature. Ce vide idéologique a privé la révolution de cerveau. Et la Tunisie  souffrira encore longtemps des séquelles du règne de l’ignorance érigé en mode de gouvernement par le dictateur déchu.

By RL

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