En 1985, Abdelaziz Ben Dhia, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, qui pourtant dirigeait ce ministère depuis sa création, en 1978, semblait débordé. Dans un article intitulé « Mzali face à la grogne », Le Monde brossait un sombre tableau de l’Université :
« L’Université tunisienne est en péril et des mesures urgentes s’imposent. Parmi celles-ci, monsieur Ben Dhia propose parallèlement à la multiplication des instituts de formation professionnelle, un concours d’entrée à l’Université qui aurait le double avantage de sélectionner les élèves aptes à suivre un enseignement supérieur – 50% des étudiants abandonnent aujourd’hui au cours du premier cycle – et de limiter leur nombre pour pouvoir assurer un enseignement de qualité : « L’espoir déçu engendre l’amertume. Peut-être aurait-il fallu ne jamais faire naître cet espoir » écrit le ministre pour qui l’Etat ne pourra plus continuer seul à assurer les charges de l’enseignement ».
Dans un autre passage du livre, on lit : « Abdelaziz Ben Dhia avançait, dans son rapport publié en juillet 1985, un train de réformes qui ne pouvait qu’augmenter le mécontentement des étudiants. Il proposait l’instauration d’un concours d’entrée à l’Université ouvert aux nouveaux bacheliers, concours qui sélectionnerait les élèves aptes à suivre un enseignement supérieur. Selon sa thèse, cette sélection permettrait d’assurer un enseignement de qualité , faute de quoi nos institutions se transformeraient en « garderie d’étudiants » et notre université en « temple de la médiocrité ». »