من المُؤْمِنِينَ رِجَالٌ صَدَقُوا مَا عَاهَدُوا اللهَ عَلَيْهِ
15 octobre 1961
La fête de l’évacuation est certainement l’un des moments les plus émouvants de l’histoire de notre pays. On y célèbre une bataille asymétrique entre la quatrième puissance militaire du monde et l’armée embryonnaire d’un pays fraîchement indépendant. Les Tunisiens y ont payé le tribut du sang pour amorcer le processus qui devait dégager les français de Bizerte et tuer ainsi leur espoir d’en faire une base militaire.
Bourguiba était aux rênes du pouvoir. Il manœuvrait au mieux alternant coups de force et diplomatie pour enfin obliger le général De Gaulle à évacuer son armée. Mais, sur le plan des institutions politiques et des réformes sociales, depuis l’indépendance proclamée en 1956, beaucoup de chemin était déjà parcouru. Adoption du régime républicain par l’assemblée constituante le 25 juillet 1957, adoption du code du statut personnel et exécution d’un plan de scolarisation de la population ainsi qu’un système de mise en place d’un réseau de centres de santé de base et lancement de campagnes de vaccination pour éradiquer les épidémies qui sévissaient souvent dans le pays.
Après l’évacuation des forces armées françaises, une autre évacuation non moins importante fut exécutée en 1964. L’évacuation des colons des terres agricoles sur lesquelles ils ont mis la main pendant plusieurs décennies.
Ainsi, se consolidait, pierre après pierre, l’édifice visant à faire de la Tunisie un pays souverain, moderne, engagé sur la voie du progrès en donnant toute sa place à la science et à la connaissance tout en préservant jalousement son identité. La voie était tracée.
Retenons au moins trois évacuations à mettre au crédit des militants nationalistes avec à leur tête ceux du néo-destour et des organisations nationales : l’évacuation de l’armée française, l’évacuation des colons et, last but not least, une évacuation immatérielle que l’on oublie souvent de voir, je cite : l’évacuation des croyances rétrogrades des esprits des Tunisiens. L’évacuation de l’ignorance. On dit que, au cours de la fête de l’évacuation en 1961, à laquelle était venu participer le leader égyptien Gamal Abdenassar, Bourguiba a tenu à faire défiler les élèves des écoles pour marquer son attachement à l’éducation et montrer les premiers fruits de sa politique dans ce domaine.
15 octobre 2024
La télévision nationale relate les niuvelles de la célébration de la fête de l’évacuation. On est content de voir la Tunisie célébrer de nouveau dignement les grandes dates qui ont marqué son histoire. Hélas, une nouvelle terrible vient nous rappeler les horreurs vécus par le pays au cours de toute une décennie. Une femme sortie ramasser des branches d’arbres dans la forêt du Djebel Salloum, comme elle a coutume de le faire pour gagner sa vie, a marché sur une mine, perdant ainsi une jambe. Un événement douloureux qui nous rappelle que la Tunisie, c’est aussi ces hommes et ces femmes qui se contentent de peu et militent pour vivre en s’exposant à un danger sciemment produit par ceux qui étaient censés les proteger. Un événement douloureux qui nous rappelle que notre pays a été gouverné par des gens qui envoyaient des terroristes miner les forêts. Un événement qui nous rappelle que, pendant dix ans, ces gens là faisaient tout pour réimplanter l’ignorance dans les têtes de la jeunesse. Heureusement qu’une autre évacuation, l’évacuation de ces gens là eut lieu. Et un 25 juillet ! Une tunisienne a perdu sa jambe et elle nous renvoie à nos consciences. Que faisons nous pour protéger notre pays ? Pour que cela ne se reproduise plus ? La Tunisie a besoin de nous tous.