1- Autant le terme révolution me semble inadéquat pour qualifier les événements de fin 2010 – début 2011, autant je trouve que parler de seconde République est, sinon mérité, du moins chargé d’espoir, de volonté et d’élan vers l’instauration d’une gouvernance plus démocratique, plus libre et plus juste. En effet, il est vrai que le régime politique instauré après l’indépendance, républicain dans la forme mais quasiment monarchique sous Bourguiba et despotique sous Ben Ali a atteint ses limites. Et il est vrai que certains des acquis accumulés sous le règne de Bourguiba ont subi une usure progressive créant les conditions propices à un soulèvement populaire. Ainsi en est- il de la dégradation de la qualité de l’éducation aux niveaux primaire, secondaire et supérieur. Ainsi en est-il de la dégradation des services de santé publique et de sécurité sociale. Ainsi en est-il du pourrissement du climat des affaires par l’ingérence de l’entourage de Ben Ali dans toutes les affaires prometteuses. Et, conséquence directe de tout cela, la croissance prenait un coup et l’économie pouvait de moins en moins faire face aux demandes d’emploi, notamment celles des diplômes du supérieur qui venaient par dizaines de milliers grossir chaque année le stock des chômeurs. Et d’aucuns n’hésitaient pas, au départ, à crier à la révolution et à la célébrer. Hélas, la suite des événements tant en Tunisie que dans la région arabe, dissipa rapidement notre fierté de vivre une révolution populaire et d’abattre  une dictature et confirma le sentiment diffus qui rabattait notre joie, le sentiment qu’une main invisible tirait les ficelles et nous livrait, notamment à travers une chaîne de télévision bien connue, les épisodes quotidiens d’un coup monté dont le scénario a été minutieusement élaboré à l’avance.

2- Venons en à la deuxième république ! Floués une première fois à propos de révolution, peut-on oser croire en une seconde république ? Oui, si l’on décide de penser que, parfois, à quelque chose malheur est bon. En effet, cette révolution, dénommée par ses concepteurs « révolution du jasmin » et destinée à assurer le déclenchement du « printemps arabe » est à différents égards, un malheur annonciateur des malheurs que certains pays arabes endurent encore aujourd’hui. Oui, si l’on décide de penser qu’un génie tunisien existe et est capable de transformer les complots ourdis pour détruire la nation en succès qui permettent d’envisager un avenir meilleur. Oui si les institutions qui fondent une démocratie pérenne sont mises en place, consolidées et respectées. Oui si les deux pouvoirs exécutif et législatif actuellement démocratiquement élus arrivent à relever les énormes défis sécuritaires et économiques, aident à redresser le pouvoir  judiciaire, consolident les acquis de la liberté d’expression et arrivent à mettre le train des réformes dans les différents secteurs sur les rails. C’est à la réussite dans ces énormes chantiers qu’est scellé le sort de la deuxième république. Que l’on pourrait glorifier alors du nom de république du jasmin … Du jasmin dont la Tunisie mérite tant elle est belle et riche de femmes et d’hommes qui savent être au rendez-vous avec l’Histoire.

By Raouf

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