Les quelques informations qui filtrent des discussions au sein de la commission d’organisation des pouvoirs provisoires indiquent qu’Ennahdha tente de concentrer tous les pouvoirs aux mains du premier ministre et de faire en sorte que le gouvernement, une fois il a obtenu la confiance de la Constituante par une majorité de 51% au minimum, ne puisse plus être censuré que par une majorité des deux tiers des membres de la Constituante. Autant dire, qu’ainsi, si ces informations sont fondées, on s’achemine vers un pouvoir absolu et inamovible. Le pays revient d’une dictature ! Ennahdha, qui a souffert de cette dictature, devrait être la première à ne pas se laisser tenter par le démon du pouvoir absolu. Un tel pouvoir, qui fait souffrir les opposants, finit, en effet, par détruire celui qui le détient. Ben Ali vient d’en faire l’expérience et d’en payer les frais. Ce démon du pouvoir absolu est-il encore vivant ? Peut-il resurgir des urnes tant acclamées ? Nous ne voulons pas croire à une telle rechute … Et nous espérons en avoir une confirmation à travers un partage raisonnable du pouvoir entre les différents courants politiques. Il y va de l’avenir de la démocratie en Tunisie. Et, plus encore, de l’avenir de la Tunisie.