Bourguiba. Hommage au leader de la lutte nationale et de l’édification de la Tunisie moderne. Beaucoup de tunisiens se reconnaissent dans son esprit rationnel, son modernisme, son sens de l’Etat. Toutefois, il faut reconnaître que peu de personnes ont son courage à défendre ses convictions et sa capacité à braver les dangers que cela comporte. Ainsi, l’année dernière on relevait peu d’initiatives pour saluer sa mémoire à l’occasion du dixième anniversaire de sa mort. Le silence et la peur d’une majorité de tunisiens, la complaisance voire la complicité d’une partie d’entre eux ont enfoncé notre pays dans les ténèbres de 23 années d’une dictature de la corruption et de l’ignorance. Il est malheureux d’en constater aujourd’hui les dégâts tant sur le plan matériel qu’au niveau de la vie intellectuelle. Il est encore plus malheureux de constater que des universitaires et des hommes de culture se soient abaissés à servir une telle dictature de l’ignorance et de la délinquance. Le comble du malheur est que certains de ces complices de l’horreur essaient de se justifier et de se refaire une virginité et une dignité au lieu de se taire et de se terrer à jamais. Et tout cela donne parfois un goût de nausée à cette phase de changement.
Le souvenir du Bourguiba de la pensée et de l’action, du Bourguiba visionnaire et leader nous rehausse le moral et rétablit les valeurs de l’effort, de l’honnêteté et de l’intégrité face à l’avilissement des moeurs dont a été souillée notre société.
Aujourd’hui, la Tunisie doit s’engager dans un double effort d’assainissement de la pollution matérielle et morale de la société léguée par le régime du président déchu et de réhabilitation de la mémoire des périodes glorieuses de son histoire. Cette assise historique et culturelle qui nécessite un travail laborieux de l’élite du pays est nécessaire pour reconstruire une pensée qui guide l’action à entreprendre pour bâtir une Tunisie nouvelle. Une Tunisie nouvelle, au niveau du progrès économique et social, mais surtout au niveau de la démocratisation de son organisation politique dont le déficit a tant pesé sur son devenir.
